Une nouvelle chronique s’ouvre ici : « Intonation
». Qu’y entendra-t-on ? D’abord un changement de
régime : renversons les rapports entre le sonore et le
visuel pour souligner combien l'un est indispensable à l'autre.
Oublions que le son se traîne à ± 340
mètres par seconde : la vitesse évoquée reste
vertigineuse, ± 1 000 km/h, pour faire sonner le fameux
mur. Estompons provisoirement la vision dans le but de favoriser
certaines sensations, assumons un écart descriptif propre
à reconstituer un ensemble hétéroclite : le
film. A contrario des déclarations courtes, il faut tenter une
description du sonore, une formulation de tous les sons, là
où ils ne font que passer. Ici même, Claude Bailblé
(cf. n°292 à 299) puis Michel Chion ont été les
initiateurs d'une telle attention portée à
l'écoute, afin d'approcher l'entendement.
Mais aujourd’hui la situation change. Si la salle de cinéma
est le lieu où chacun peut disposer des meilleurs dispositifs de
projection, les fichiers numériques proposent d'autres
accès. L'actualité des sorties est atténuée
par la diversification des multiples retrouvailles : CD, DVD, TV,
DIVX, MP4… De tels fichiers contiennent parfois toutes les pistes
de la multidiffusion sonore et, luxe extrème, permettent de
sélectionner celles-ci pour une observation approfondie. Quelques
considérations sur les outils du jour peuvent donc devenir
efficaces. Sans dissection provocante, les flux de l'audible doivent
être détaillés hors de la bande son, ou même
originale, telle qu'on la nomme encore. Et puisque tout est censé
tenir dans nos poches sans qu'il soit nécessaire de les
consolider, il faut bien constater l'astuce de ces miniaturisations,
pour mieux les apprécier. Surprenants déploiements,
lorsque l'affichage d'une petite boîte électronique est
transposé sur grand écran. Etranges compressions, quand
les 24 images par seconde se retrouvent stockées dans un truc
moins gros qu'une tabatière ou un poudrier, sans que cette
réduction ne choque.
Étape 1 : Antoine Bonfanti, en hommage. À suivre
dès juin : le son chez Philippe Garrel, version mai 68.

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