R É P L I Q U E S

I N T O N A T I O N

Emmanuel Burdeau et Gilles Grand



Une nouvelle chronique s’ouvre ici : « Intonation ». Qu’y entendra-t-on ? D’abord un changement de régime : renversons les rapports entre le sonore et le visuel pour souligner combien l'un est indispensable à l'autre. Oublions que le son se traîne à ± 340 mètres par seconde : la vitesse évoquée reste vertigineuse, ± 1 000 km/h, pour faire sonner le fameux mur. Estompons provisoirement la vision dans le but de favoriser certaines sensations, assumons un écart descriptif propre à reconstituer un ensemble hétéroclite : le film. A contrario des déclarations courtes, il faut tenter une description du sonore, une formulation de tous les sons, là où ils ne font que passer. Ici même, Claude Bailblé (cf. n°292 à 299) puis Michel Chion ont été les initiateurs d'une telle attention portée à l'écoute, afin d'approcher l'entendement.
Mais aujourd’hui la situation change. Si la salle de cinéma est le lieu où chacun peut disposer des meilleurs dispositifs de projection, les fichiers numériques proposent d'autres accès. L'actualité des sorties est atténuée par la diversification des multiples retrouvailles : CD, DVD, TV, DIVX, MP4… De tels fichiers contiennent parfois toutes les pistes de la multidiffusion sonore et, luxe extrème, permettent de sélectionner celles-ci pour une observation approfondie. Quelques considérations sur les outils du jour peuvent donc devenir efficaces. Sans dissection provocante, les flux de l'audible doivent être détaillés hors de la bande son, ou même originale, telle qu'on la nomme encore. Et puisque tout est censé tenir dans nos poches sans qu'il soit nécessaire de les consolider, il faut bien constater l'astuce de ces miniaturisations, pour mieux les apprécier. Surprenants déploiements, lorsque l'affichage d'une petite boîte électronique est transposé sur grand écran.  bonbon Etranges compressions, quand les 24 images par seconde se retrouvent stockées dans un truc moins gros qu'une tabatière ou un poudrier, sans que cette réduction ne choque.

Étape 1 : Antoine Bonfanti, en hommage. À suivre dès juin : le son chez Philippe Garrel, version mai 68.

 Antoine Bonfanti



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 n 612

© mai 2006 N°612 Les cahiers du cinéma