John Williams

West Side Story
de Jerome Robbins et Robert Wise


Ça sonne tout de suite. Évocation prestissimo, mais extraits musicaux heurtés et interface pénible. A l'usage, conseil : il est préférable de couper le son pendant les choix dans les menus. Seul le premier bonus, Souvenirs de west side story du deuxième disque, laisse entrevoir les coulisses de la machine Broadway.
Rugissement du lion de la MGM, noir, quelqu'un siffle un appel, reprise au trombone, nous y sommes. Pendant une minute et vingt secondes, un florilège de moments mémorables, la meilleure bande-annonce du film. Attente graphique sur les percussions et soudain, rupture des cuivres, les fondus au rouge sur les points de montages prolongent les phrases des violons. Arrêt, suspens, éclat blanc d'une lame sur fond rouge, reprise. Le jeu des surimpressions en image arrêtée figent les trompettes et se substituent subtilement aux fondus. Chaque personnage est montré, le duo amoureux est dévoilé, les facettes sonores sont déployée, illusion, tout y est.

 west side story

Récitatif off sur fondus photos : le co-réalisateur et chorégraphe Jerome Robbins, accelerando, livre en quarante secondes l'origine du projet. C'est en 1947 qu'il dit avoir lu Roméo et Juliette. Tandis que nous découvrons la photo d'une production originale de 1957 à Broadway, shakespearien, il se demande : « Qui sont les Capulets et Montaigues d'aujourd'hui ? ». Réponse convenue proposée par l'auteur, Arthur Laurents, et le compositeur, Leonard Bernstein : une guerre de gangs. Sur la photo les deux jeunes comparses sont séparés par un personnage mystérieux, Stephen Sondheim. Soudain, un vieil homme surgit à l'image : « nous voulions que cela soit bon, ce qui était plus important qu'un succès », Laurents précise : « le contenu a déterminé la forme ».
Meurtres, tentative de viol, fanatisme et haine ont façonné cette comédie musicale. Magnifique dans les enceintes du grave à l'aiguë, une troisième voix, celle de l'inconnu, parolier et compositeur révèle : il ne s'agit pas de préjugés, d'a priori sur des questions de société, il s'agit de théâtre. Comment utiliser la musique, les paroles et un livre afin de les combiner d'une manière nouvelle. Sans chercher la nouveauté, ils ont trouvé l'essentiel : le mouvement.
En quelques minutes tout est dit ou presque. Ensuite se succèdent de nombreux personnages qui semblent en savoir long sur chaque arbitrage. Tout est constamment et brillamment accompagné par une musique dont on parle très peu (Index 3 ?). Parfois, les instruments s'arrêtent malgré eux, fondu au noir (pub TV ?). Toutes les six minutes à peu près, interruption mal fichue.
 Nathalie Wood Un seul document à ne pas rater, voix originale enregistrée sur vinyle, index 6, 34e minute, Natalie Wood. Oubliez les difficultés, les contrats, la virtuosité et légèreté de Marni Nixon et appréciez la langue, les lèvres, de Maria. Enfin Anita (Rita Moreno) nomme les autorités (the powers) : l'ensemble des individus ayant eu un avis sur la production. Confirmation d'une déception, il sera très difficile de connaître l'origine des décisions dans cette entreprise. A la question, un bonus peut-il nous préciser à quoi tient un film ? Nulle réponse ne sera donnée. Écoutez plutôt la musique de Bernstein, sans supprimez les intermèdes musicaux du film.

Gilles Grand
West Side Story (1961) de Jerome Robbins et Robert Wise. Édition Collector 2 DVD, MGM.

 Nathalie Wood


>


© décembre 2003 Les cahiers du cinéma N°585