Ça sonne tout de suite. Évocation prestissimo, mais
extraits musicaux heurtés et interface pénible. A l'usage,
conseil : il est préférable de couper le son pendant les
choix dans les menus. Seul le premier bonus, Souvenirs de west side
story du deuxième disque, laisse entrevoir les coulisses de
la machine Broadway. Rugissement du lion de la MGM, noir, quelqu'un
siffle un appel, reprise au trombone, nous y sommes. Pendant une minute
et vingt secondes, un florilège de moments mémorables, la
meilleure bande-annonce du film. Attente graphique sur les percussions
et soudain, rupture des cuivres, les fondus au rouge sur les points de
montages prolongent les phrases des violons. Arrêt, suspens,
éclat blanc d'une lame sur fond rouge, reprise. Le jeu des
surimpressions en image arrêtée figent les trompettes et se
substituent subtilement aux fondus. Chaque personnage est montré,
le duo amoureux est dévoilé, les facettes sonores sont
déployée, illusion, tout y est.

Récitatif off sur fondus photos : le co-réalisateur et
chorégraphe Jerome Robbins, accelerando, livre en quarante
secondes l'origine du projet. C'est en 1947 qu'il dit avoir lu
Roméo et Juliette. Tandis que nous découvrons la
photo d'une production originale de 1957 à Broadway,
shakespearien, il se demande : « Qui sont les Capulets et
Montaigues d'aujourd'hui ? ». Réponse
convenue proposée par l'auteur, Arthur Laurents, et le
compositeur, Leonard Bernstein : une guerre de gangs. Sur la photo les
deux jeunes comparses sont séparés par un personnage
mystérieux, Stephen Sondheim. Soudain, un vieil homme surgit
à l'image : « nous voulions que cela soit bon, ce
qui était plus important qu'un succès »,
Laurents précise : « le contenu a
déterminé la forme ». Meurtres,
tentative de viol, fanatisme et haine ont façonné cette
comédie musicale. Magnifique dans les enceintes du grave à
l'aiguë, une troisième voix, celle de l'inconnu, parolier et
compositeur révèle : il ne s'agit pas de
préjugés, d'a priori sur des questions de
société, il s'agit de théâtre. Comment
utiliser la musique, les paroles et un livre afin de les combiner d'une
manière nouvelle. Sans chercher la nouveauté, ils ont
trouvé l'essentiel : le mouvement. En quelques minutes tout
est dit ou presque. Ensuite se succèdent de nombreux personnages
qui semblent en savoir long sur chaque arbitrage. Tout est constamment
et brillamment accompagné par une musique dont on parle
très peu (Index 3 ?). Parfois, les instruments
s'arrêtent malgré eux, fondu au noir (pub TV ?).
Toutes les six minutes à peu près, interruption mal
fichue.
Un seul document à ne pas rater, voix originale
enregistrée sur vinyle, index 6, 34e minute, Natalie Wood.
Oubliez les difficultés, les contrats, la virtuosité et
légèreté de Marni Nixon et appréciez la
langue, les lèvres, de Maria. Enfin Anita (Rita Moreno) nomme les
autorités (the powers) : l'ensemble des individus
ayant eu un avis sur la production. Confirmation d'une déception,
il sera très difficile de connaître l'origine des
décisions dans cette entreprise. A la question, un bonus peut-il
nous préciser à quoi tient un film ? Nulle
réponse ne sera donnée. Écoutez plutôt la
musique de Bernstein, sans supprimez les intermèdes musicaux du
film.
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